Le Christ est ressuscité, il est vraiment ressuscité !
Voici quelques méditations tirées des textes d’Évangile ou des Actes des Apôtres sur la résurrection du Christ. C’est une collection de quelques textes qu’on peut lire dans n’importe quel ordre, et les reprendre quand on veut.
Thomas
En se présentant sans autre forme de procès auprès de ses amis, il leur présente son corps. Ce n’est pas n’importe quel corps. C’est son corps supplicié, lacéré, transpercé, saccagé, détruit. C’est son corps tué qu’il présente à ses amis. Alors qu’il été défiguré par la mort, ce corps est maintenant configuré au cœur de Dieu. En montrant son corps tué, il montre sa résurrection. Faut-il qu’il soit prévenant pour s’abaisser encore une fois afin de susciter la foi de ses amis. Thomas n’est pas moins incrédule que ses amis qui ont eu la joie de rencontrer leur Seigneur, il était seulement absent. Ce n’était pas plus simple pour eux d’accueillir la résurrection que pour lui. Alors le Christ revient, pour lui spécialement ! Alors, d’une manière ou d’une autre, Il reviendra toujours exprès pour tous les insouciants, les retardataires, les trop-occupés, les ironiques, les égarés, les ignorants. Il reviendra toujours pour moi !
Le juste
Pierre est remonté. Il ne s’en laisse pas conter. Le voilà qui, d’une voix claire, intelligible en remontre aux juifs sur le point de l’arrêter : vous avez tué le « Juste », en raison de votre injustice. En quoi Jésus est-il juste ? Quelle est la justice du Christ ? À l’aune de notre compréhension partielle, on a vite fait de couvrir la justice du Christ de moraline : il est gentil, il ne fait de mal à personne, il cherche à apaiser les conflits et il nous demande si possible de l’imiter pour être contents. C’est totalement injuste qu’il ait été condamné. Syndrome Caliméro. Le pire, c’est que c’est cette moraline que beaucoup d’athées reprochent aux chrétiens. Non, la justice du Christ, ce qui fait de lui le Juste, c’est sa vision béatifique, à savoir sa claire vision du visage du Père et de ses desseins. Il est juste par le fait qu’il connaît le cœur du Père. Il est au cœur du Père, il est sa présence, sa parole, son amour.
Judas
Judas a probablement voulu provoquer son maître dans l’accomplissement du salut. En suscitant son arrestation, il pensait que Jésus allait enfin déployer sa puissance et faire advenir le salut promis, selon l’idée qu’il s’en faisait. Échec total et désillusion mortifère. Mais les autres disciples, à l’instar de Judas, s’ils n’ont pas provoqué Jésus, étaient-ils plus clairvoyants quant à la nature du salut que Jésus allait accomplir ? Sûrement pas ! Combien l’ont défendu ? Combien l’ont accompagné ? Combien ont décampé ? Mises à part les femmes, courageuses, un ou deux seulement l’ont suivi, à distance peut-être, jusqu’à la croix ? Et ce premier jour, ils restent enfermés dans quelque bâtisse à l’abri de la fureur de la foule que le sabbat n’a pas fait retomber. Une belle bande… d’êtres humains quoi ! Sont-ils foncièrement différents de la foule déchaînée ? Non, les uns sont pleutres par peur, les autres par mimétisme.
La foule
Si la foule est injuste, ce n’est pas du fait de son iniquité, mais du fait de sa méconnaissance de Dieu. Pierre rappelle cet événement révélateur : Pilate vous a demandé qui relâcher : Barrabas ou Jésus, et vous avez crié d’une seule voix Barrabas ! Vous avez préféré la vie d’un meurtrier plutôt que celle d’un juste. D’où vient que le jugement de la foule, des êtres humains qui la composent, soit si vicié ? Évidemment, je vais utiliser un terme désuet qui fait fuir les foules bien pensantes : le péché. Il ne s’agit pas du petit péché quotidien que l’on tente de circonscrire avec quelques bonnes pensées lénifiantes. C’est le péché fondamental, celui qui prive l’être humain de la connaissance de Dieu, celui qui assombrit le cœur au point qu’il n’a même plus l’idée de la bienveillance du visage de Dieu, celui qui le prive de toute capacité de discernement. Le jugement de la foule en est inique presque par nature.
La paix
Jésus est rempli de prévenance à l’égard de ces amis. À l’heure actuelle, ils sont perdus, désespérés, ils sont peur des juifs et leur avenir est bouché. Nous sommes au premier soir du premier jour. Ils ont certes déjà reçu le témoignage de Marie-Madeleine et des quelques femmes allées au tombeau ; et même le témoignage de ces deux nouveaux amis qui avaient déguerpi, mais qui sont revenu dare-dare, racontant qu’elle et ils avaient rencontré Jésus. Invraisemblable ! Bref, ils ne savent pas s’ils doivent croire ces propos pour le moins bizarres, ou les tenir pour des balivernes proférées sous le coup de l’extrême émotion. Ce n’est pas simple de croire à la résurrection ! Donc, Jésus, soi-même !, vient à l’heure rencontre et leur adresse ce salut magnifique : « La paix soit avec vous ! ». Parce qu’il est temps d’entrer dans cette paix qui prend la place de toutes nos souffrances et peurs. C’est par excellence le salut de Pâques.
Le pardon
Alors voilà, nous sommes prêts ! Nous sommes entrés dans le mystère de la résurrection. Jésus ressuscité a rencontré Thomas, l’autre pécheur égaré. Thomas, pardonné, rené d’en haut, voyant le mystère, a proclamé sa foi : « Mon Seigneur et mon Dieu ! ». Ce n’est rien d’autre que l’expérience prégnante de la miséricorde de Dieu qui l’introduit dans le mystère de la résurrection. Ni une ni deux, c’est le moment que choisit le Christ pour, en leur envoyant l’Esprit-Saint, les établir Témoins de sa résurrection, ayant l’air de dire que tous ceux qui en recevront le témoignage y seront participants. S’il y a pléthore de manières de témoigner de la résurrection, elles sont toutes orientées vers le pardon par lequel, à l’image du Christ, on devient « juste », bénéficiant avec le Christ de la vision et de la connaissance du cœur de Dieu. Ainsi, uni au Christ ressuscité, on accomplit son œuvre qui consiste essentiellement à pardonner.
Viens voir
Où demeures-tu ? avait-il demandé. Il lui a répondu « Viens voir, et tu verras ». C’était le premier jour de leur amitié. Et tout au long de leur compagnonnage, il a vu, vu les signes qu’il opérait, vu les gens guérir grâce à ses paroles de confiance. Il a entendu qu’il a dit à Nicodème que s’il acceptait de renaître d’en haut, il « verrait » le Royaume de Dieu. Et maintenant, nous sommes au dernier jour, Jésus ne serait plus au tombeau ; il y accourt après que Marie-Madeleine s’est plainte qu’on avait volé son corps. Il entra dans le tombeau, il vit… et il crut. Pour la première fois, ce qu’il vit clairement, c’est qu’il ne vit pas. Son regard est allé au-delà de son champ de vision habituel, il a entr’aperçu le mystère. Il a « vu » où le Christ demeure. Et ce n’est pas dans un tombeau. C’est aujourd’hui qu’il réalise la réponse que Jésus lui a donnée au premier jour. Il voit que Jésus demeure au sein de Dieu.
Le premier jour
Le premier jour de la semaine, le lendemain du sabbat. Il s’en est passé le premier jour de la semaine ! L’événement le plus intérieur, la résurrection, est passé inaperçu, mais il a engendré tous les autres. En résumant, pendant la nuit, le Christ est ressuscité, mais personne ne le sait. Au matin, les disciples les plus proches restent cloîtrés de peur de subir les mêmes ennuis que leur maître, et ils sont plutôt désespérés, tandis que les femmes, en larmes, partent honorer la dépouille du défunt en l’oignant des parfums prévus à cet effet. Deux d’entre eux d’ailleurs ont déguerpi en pleine journée, ils rentrent chez eux, un patelin qu’on appelle Emmaüs, avant la nuit. Ils sont complètement dépités devant ce qu’ils considèrent comme un échec, et peut-être même un mensonge. Et le soir même, ces deux-là sont revenus précipitamment, les femmes sont là, les autres écarquillent les yeux de paisible étonnement.